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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 08:59

livre_2010_12_desarthe_dans_nuit_brune.JPGTout commence avec la mort d'Armand, l'amoureux de Marina, 17 ans, la fille de Jérôme. Armand et Marina, si amoureux, si heureux, si... parfaits ! Et cette mort étrange qui secoue ou réveille quelque chose en Jérôme...

Jérôme et son ouverture à lui-même sont le vrai sujet de cette histoire. Enfant trouvé dans les bois quand il a environ 3 ans, il ne sait rien de son histoire, pas plus que celle de ses "parents", ceux qui l'ont recueilli et élevé... Mais la rencontre avec Alexandre, un enquêteur de police en retraite, pourrait changer bien des choses...

 

J'aime l'écriture d'Agnès Desarthe, je dévore ses livres que je trouve sensibles et pudiques, fondamentaux et aériens. Celui-ci n'échappe pas à la règle. Mais comme souvent après ses livres, j'ai un sentiment d'inachevé, je ne sais pas pourquoi. Comme une promesse qui n'aurait pas été tenue... Peut-être parce que ce livre s'achève là où on ne l'attend pas. Il y a une énigme policière, qui pourrait être la clé du dénouement, mais non, cet aspect-là finit le bec dans l'eau, sur une impasse peu crédible, comme éjectée, évacuée par manque d'intérêt, fallait s'en débarrasser (cela dit, c'est le cas dans l'histoire, mais ça laisse comme un goût d'abandon à la lectrice conformiste que je suis de toute évidence, vue ma réaction). La "révélation" finale, que la narratrice nous fait trop miroiter je trouve, est ailleurs, pas inintéressante, mais  un peu surprenante et décevante par son intensité, et invite à une réflexion identitaire sans spectaculaire... Comme un livre d'Agnès Desarthe ! L'intérêt est dans les personnages, leurs réflexions, leurs faiblesses, leurs fêlures secrètes qui ne les empêchent pas de tenir debout et renvoient chacun à ses émotions fondamentalement humaines qui viennent se greffer sur sa propre histoire unique... Dans l'histoire extradordinaire que chacun de nous et chacun de ses personnage porte en lui, cachée derrière l'apparente banalité. On effleure un peu cette facette de chaque personnage qu'elle nous présente, et chacun pourrait être le sujet d'un roman, une autre vie croisée, tangible, crédible, passionnante et presque réelle déjà...

 

Un seul vrai bémol, en marge de ce qu'est le livre fondamentalement : la correction est à chier. Peu de fautes mais il manque des mots à pas mal d'endroits, je ne dis pas bravo aux Editions de l'Olivier qui ont manifestement rogné sur leur budget correction et nous ont habitués à mieux en qualité de publication...

 

ooOOOoo

 

quelques extraits

 

page 14 : Il les revoit, Marina et elle, quand elles avaient sept ans. L'une posait sa tête sur le ventre de l'autre et disait, "Je t'aime aprce que tu es confortable" et l'autre répondait, "Je t'aime , parce que tu dis toujours des gentillesses." Il trouve que ce sont deux très bonnes raisons de s'aimer.

 

page 17 : Jérôme avait pensé : S'il veut devenir paysagiste, il ferait bien de réfléchir deux minutes. On ne plante pas un parterre pile devant une porte.

 

pages 98-99 : Des phrases lui viennent, concernant la difficulté à vivre avec les femmes, le combat que cela représente, les sentiments que l'ont doit sans cesse manifester, les pauvres petits jeux de séduction, et puis après : la maison de poupée, faire les enfants. Les faire, ça oui d'accord, le feu d'artifice, la fierté, les superpouvoirs, mais ensuite, comme on se sent retranché, ralenti, avec ces tâches répétitives, ennuyeuses, sans fin. [...] Vouloir un enfant, qu'est-ce que ça pouvait signifier ? Les enfants vous viennent et puis voilà, on ne devrait pas poser la question.

 

page 100 : Jérôme avait songé qu'il faudrait changer quelque chose, que la vie pouvait sans doute être plus plaisante. Mais il n'avait pas trouvé comment s'y prendre.

 

page 136 : Jérôme tente de se représenter sa propre mort. Cela n'a aucun sens pour lui. Je suis vivant, se dit-il. Il bute là-dessus. il se heurte à la vie. Ne peut voir au-delà. Je ne mourrai jamais, songe-t-il. Jusqu'au jour où je mourrai quand même.

 

page 137 : Le temps s'arrête puis repart, très vite, en arrière [...] Les automnes viennent mourir dans les étés qui, à peine changés en printemps, se figent en hiver.

 

pages 161-162 : Si Jérôme n'a rien compris, c'est parce qu'on l'a empêché de comprendre, et si on l'a empêché de comprendre, c'est parce qu'on a jugé que la vérité était intolérable. C'est le mythe de l'imbécile heureux, de l'ignorance comme voie d'accès rapide et sûre au bonheur. On l'a protégé parce qu'on l'aimait. On a préféré qu'il soit idiot plutôt que malheureux. alexandre était touché par cette sollicitude, mais l'expérience lui avait appris qu'au bout d'un certain temps, les choses se retournent et qu'on finit par éprouver, en retour, le malheur d'être idiot.

 

page 210 : Les gens ont beaucoup d'idées préconçues. ils sont méfiants, ils veulent avoir raison, ils ont peur d'être dupes. si je parle de la bonté d'Armand, on me répondra qu'il était idiot, si je parle de sa beauté, on me dira qu'il était vaniteux, si je parle de sa politesse, on me dira qu'il était faux, si je parle de son courage, on me dira qu'il était prétentieux. Alors je ne dis rien. Si les gens ont besoin de croire que les humains sont minables, n'agissent que par intérêt et que la lâcheté est la chose au monde la plus répandue, je les laisse faire. Ca m'est égal. Moi, j'ai connu l'amour et je les emmerde.

 

ooOOOoo

Dans la Nuit brune, Agnès Desarthe, 2010, 211 pages

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commentaires

I
<br /> <br /> J'avais lu "Mangez-moi" et il m'avait donné envie d'en lire d'autres.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Je trouve celui-ci beaucoup plus dense que Mangez-moi =^.^= Mais j'aime décidément sa plume !<br /> <br /> <br /> (mes autres critiques de bouquins d'elle ici : http://ploufsurterre.canalblog.com/archives/2010/03/27/17378469.html, là : http://ploufsurterre.canalblog.com/archives/2010/04/11/17544796.html et là : http://ploufsurterre.canalblog.com/archives/2010/06/24/18410478.html )<br /> <br /> <br /> <br />
Z
<br /> <br /> Je crois que je n'ai lu que des romans jeunesse de cet auteur...<br /> <br /> <br /> <br />
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