Il semble que ce livre soit déjà culte chez les bobos. Bon. On me l'a conseillé dans un tout autre contexte, et d'une telle manière que je l'ai pris.
Le périple d'un homme et son fils plusieurs années après l'apocalypse. Quel genre d'apocalypse ? Aucune idée là où j'en suis rendue, et pas vraiment d'envie de le savoir. Leur avancée, chaque jour, dans le froid, les cendres, le jour gris. Le danger, l'inhumanité, la peur, les souvenirs.
Je conçois qu'on puisse trouver ça passionnant. Et l'idée me plaît assez. Mais le récit est lourd, quasi sans ponctuation, froid, vide, sans que ça empêche un certain maniérisme. Sûrement pour participer à l'ambiance glaciale, distanciée. Mais j'aurais aimé y trouver des traces d'humanité, d'émotion, parce que sinon ça me fait à peu près l'effet d'images de synthèse grossières : oui, bon, y'a de l'idée, mais la réalisation formelle pêche tellement qu'impossible d'entrer dans le récit, par ailleurs terriblement monotone (bah oui, je me doute que la vie après l'apocalypse serait monotone, mais je ne vois pas l'intérêt de se l'imposer dès aujourd'hui...). Dommage. Stop page 103 dans cette édition "à vue d'oeil" qui en compte 374.
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Feuilletons ensemble quelques extraits :
incipit : Quand il se réveillait dans les bois dans l'obscurité et le froid de la nuit il tendait la main pour toucher l'enfant qui dormait à son côté.
page 23 : Le noir dans lequel il se réveillait ces nuits-là était aveugle et impénétrable. Un noir à se crever le tympan à force d'écouter.
pages 40-41 :Dasn les premières années les routes étaient peuplées de fugitifs disparaissant sous leurs habits. Portant des masques et des lunettes de plongée, en guenilles, assis au bord de la route comme des aéronautes en détresse. Leurs brouettes encombrées de tout un bric-à-brac. Remorquant des charettes et des caddies. Leurs yeux luisant dans leurs crânes. Coquilles sans foi de créatures marchant en titubant sur les levées le long des marais tels des vagabonds sur une terre en délire. La fragilité de tout enfin révélée. D'anciennes et troublantes questions se disolvant dans le néant et dans la nuit. L'ultime expression d'une chose emporte avec elle sa catégorie. Eteint la lumière et disparaît. Regarde autour de toi. C'est long jamais. Mais le petit savait ce qu'il savait. que jamais c'est à peine un instant.
page 46 : Question : quelle différence y a-t-il entre ne sera jamais et n'a jamais été ?
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La Route, Cormac McCarthy, traduit (américain) par François Hirsch, 2006, 374 pages