Bon, l'article aussi sera bref...
Nora est belle, fascinante, magnétique, jeune. Louis Blériot est plus âgé, marié, mais sa vie a été marquée par son aventure avec Nora, et depuis 2 ans, par son absence et son attente. Attente récompensée, quand Nora revient à Paris et vers lui, en quittant Murphy Blomdale, avec qui elle vivait à Londres.
J'ai tout d'abord été déroutée par la narration au présent.
Puis j'ai apprécié ce semblant de vivacité dans un récit qui met incroyablement à plat des choses fortes émotionnellement, qui semblent être emportées dans un tourbillon de passion. Plat, tout plat. Avec quelques saillies d'étalage de culture-confiture qui arrivent comme un cheveu sur la soupe, étalage qui se rêve discret mais n'apparaît que comme l'expression d'une fausse modestie très bobo, voire la volonté de se faire accepter dans les cercles mondains, façon "voyez, je cite machin et truc, moi aussi je suis de votre monde".
Peut-être que plus tard ça s'arrange, je n'en sais rien, et j'avoue que je me fiche de le savoir, je n'ai pas envie d'en apprendre plus ni d'avancer dans l'histoire, les analyses sauvages tirées par les poils de nez m'emmerdent, l'indolance mondaine habillée de verbiage pédant qui s'ignore aussi, sans parler des histoires de culs des nantis oisifs qui confondent cul et coeur et n'en finissent plus de se regarder le nombril d'un air grave ! Je conçois qu'on puisse y voir de la subtilité, de la mélancolie, voire de l'élégance (allez, soyons fous !), j'ai même failli tomber dans le panneau, mais finalement j'y vois surtout de la pose. Mondaine, je me répète.
Donc je m'arrête page 114, je me suis bien ennuyée...
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Quelques extraits quand même, pas tellement sur le sujet central (Nora), car vous verrez que le ton, identique pour parler de passion, ne donne pas envie de plonger dans cette passion...
page 17 : N'importe qui à sa place se serait déjà rendu à l'évidence. Mais pas lui. Il ne parvient pas à y croire. Il se regarde d'ailleurs droit dans la glace pou voir s'il a l'air d'y croire, mais non, il a les yeux de quelqu'un qui n'y croit pas.
page 21 : Cette conviction, Blériot l'a pourtant eue autrefois, quand il s'est mis en ménage avec Sabine, mais depuis il l'a perdue. Ce qui ne l'empêche pas de continuer à se répéter - ça ressemble d eplus en plus à de l'autosuggestion - qu'il a épousé la plus intelligente et la plus aimante des femmes, la plus à même de le rendre heureux, et que si c'était à refaire, il n'hésiterait pas une seconde.
page 48 : Et il leur est arrivé là-bas ce qui arrive à tous ces amants pressés qui s'engouffrent dans le premier hôtel venu et se retrouvent coincés dans l'ascenseur. Des années plus tard, ils sont toujours bloqués et ont épuisé tous les sujets de conversation.
page 50 : Ils pourraient se séparer, mais ils continuent à vivre ensemble, sans doute parce que dans leur confusion émotionnelle ils ont besoin d'ordre - même si chacun d'eux a son ordre à lui - et qu'ils ne redoutent rien tant que de voir leur vie livrée au chaos et à la dispersion.
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La Vie est brève et le désir sans fin, Patrick Lapeyre, 2010, 345 pages, Prix FEMINA 2010