La mère
de Louise, qui fut si belle, si vivante, si flamboyante, n'est plus que l'ombre d'elle-même, lentement si vite terrassée par le cancer du sein. Et c'est à ce moment que Louise apprend qu'elle est
enceinte...
Louise, la narratrice, va nous raconter sa mère, sous tous les angles, avec tous les sentiments, sa jeunesse un peu, son cancer beaucoup, l'effet de sa mort surtout, et la façon dont la mort
de sa mère s'imbrique avec sa propre grossesse, la façon dont les choses qui n'ont en théorie rien à voir s'articulent. Le thème principal reste sa mère et la relation à sa mère, même si le
fait de porter puis voir grandir l'enfant empêche le temps de s'arrêter, ce qui enrichit considérablement le livre, ne serait-ce que par l'évolution sensible que ça nous laisse deviner.
Evidemment, on retrouve des éléments de la vraie vie de Justine Lévy (un père écrivain et elle-même aussi, etc.), et ça rend les choses un epu troublantes, mais sinon c'est un livre sensible,
plein d'émotions et de doutes, d'une sincérité criante, sans maniérisme littéraire, sans fioritures pour sembler cohérente. C'est brut et contradictoire comme la vérité, à la fois moderne et
naïf, lucide et idéaliste comme le sont certains enfants. Vraiment un beau livre, sincère et plaisant à lire, même quand on ne partage quasiment aucune des valeurs de la narratrice, ni son vécu,
ni son regard. Un vrai très bon moment de lecture, même s'il n'est probablement pas impérissable.
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quelques extraits (peu représentatifs car l'intérêt réside surtout dans l'enchaînement des émotions et des récits)...
page 77 : Je sais qu'elle mourant et moi la veillant c'est la dernière chose qu'on fera ensemble.
page 144 : est-ce que c'est pas un méga-mensonge cette idée qu'avoir des enfants est toujours un bonheur absolu ? c'est fou, tout est tellement réglementé et n'importe qui peut faire des enfants,
même maman, même moi !
pages 151-152 : Je déteste les autres femmes enceintes de toute façon, je déteste leur air béat dans la rue, guilleret, comment elles font ? pourquoi elles se croient toue obligées de faire
semblant ? et leurs regards de connivence, et ce côté club des enceintes, on partage le même secret, on se comprend à demi-mot, envie de leru donner des coups de pieds dans le ventre moi aussi,
envie d'avoir huit ans, pas huit mois, non, pas retour au stade bébé, huit ans, sale gosse, méchante enfant, et qu'elles arrêtent de me gonfler avec leurs airs complices et attendris, Oh Louise
va être une si bonne mère, quand on a été une bonne fille on est bien équipée pour devenir une bonne mère, mon oeil.
Tu es trop gentille, me disait papa, quand j'étais petite. Sois un peu moins méchante, il me dit de temps en temps, maintenant.
page 168 : Qu'est-ce qui pèse plus lourd, un kilo de plume ou un kilo de plomb ? Un kilo de chagrin ou un kilo de joie ? Personne n'ose être rvaiment triste, personne n'ose être gai non plus,
personne n'ose ressenir quoi que ce soit, on est dans un drôle de pays, ce pays de la mort et de la vie, à mi-vie, à mi-mort, une halte dans le temps.
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Mauvaise Fille, Justine Lévy, 2009, 198 pages