Comparer, évaluer, instaurer la compétition
Toujours, tout le temps, partout. Comparer. avec les frères et soeurs. Avec les enfants du voisin. Avec les enfants du même âge. Avec le prodige vu à la télé. Avec
ses rêves. Avec l'idée qu'on se fait. Avec la norme. Avec la moyenne. Avec la majorité. Empêcher d'être soi librement.
Là, pour une fois je n'ai pas grand chose à dire. Je comprends qu'on le fasse, je le fais aussi spontanément (bah on ne nettoie pas
tout une éducation comme ça, paf, d'un revers de volonté), et je ne vois toujours pas à quoi ça peut bien avancer. C'est presque toujours humiliant, dévalorisant, au moins pour un des
deux. Donc soit on dévalorise quelqu'un en le comparant, soit on le félicite, mais c'est au prix du rabaissement de quelqu'un d'autre ou d'un groupe à qui on le compare. Dans les deux cas, le
résultat pédagogique et éducatif est lamentable et perpétue la jungle dans laquelle on vit déjà, strugle for life, être le meilleur coûte que coûte. Alors que l'humain a d'autres possibilités
d'intelligence, d'autres choix possibles.
Le rapport avec l'école ? Les notes, en soi, même si les classements de fin d'année et les prix n'existent plus, c'est exactement ça, et à la puissance n
(voir, à ce sujet, l'excellente théorie de La Constante macabre ou un livre comme L'évaluation, une menace). Les évaluations permanentes,
les insupportables jugements constants, ça n'est rien d'autre, et c'est toujours délétère, quel que soit le verdict.
De là découle une compétition inouïe, sans cesse réalimentée, exacerbée. Parce que le systme scolaire français confond, dans sa grande subtilité, compétition
individuelle et personnelle et compétitivité économique de marché... Et nous voilà avec des génératiions entières formatées pour croire que le bien c'est d'écraser le voisin, de construire son
podium en le rembourrant de ceux qu'on croise, pour qui c'est un vrai effort d'accéder (quand c'est possible !) à la solidarité sans condescendance, à
d'esprit d'équipe, au partage (y'a qu'à voir comment ça braille quand on parle de refiscaliser les heures sup ! partage du travail ?! Jamais, mon pouvoir d'achat
d'abord !).
Tout, ou presque, est empreint de compétition : le travail scolaire, les jeux, le sport, et j'en passe. C'est devenu pour beaucoup une seconde nature. Pourtant, la
comparaison, la compétition permanente en tout, ne sont que des agressions, vis-à-vis d'autrui, de soi, de son humanité, de la paix à tous les niveaux...
Si on continue à transmettre l'absurdité qu'on nous a transmise à ce sujet, comme le monde pourrait-il aller autrement qu'en biais ?...