L'histoire : Icare, surnommé Courgette, est chez lui avec sa
mère qui, comme d'habitude, ne fait que regarder la télé et boire des bières. Et parfois lui crier et taper dessus sans raison. Aujourd'hui il s'ennuie, alors il va farfouiller dans les affaires
de sa mère. Et là, surprise, il trouve un revolver ! Avec lequel il va tuer... avant de se retrouver en orphelinat, où se déroulera l'essentiel de cette histoire.
Mon avis : un livre très agréable. J'ai eu un peu de mal au tout début avec le style enfantin un peu trop caricatural (peut-être parce que je n'ai pas eu d'enfant écrivant ainsi, quel que soit leur âge...), puis je m'y suis faite, et j'ai trouvé l'histoire plaisante. On a, tout le temps, uniquement la vision de Courgette, qui est profondément gentil et ne s'embarrasse pas de jugements. Son récit est fait de telle manière qu'il laisse deviner les choses avec son regard naïf. L'histoire est jolie, comme on aimerait que soit la vraie vie, surtout pour les enfants qui ont un départ chaotique comme ceux qu'on croise ici, qui ont tous un passé déjà bien chargé, même si le regard de Courgette l'allège considérablement. Un tour de force d'écrivain d'avoir réussi à rendre léger et amusant ce qui est habituellement vu comme terrible et larmoyant. Et des personnages attachants et consistants. Vraiment une jolie histoire pour se faire du bien ! =^.^=
Merci à Pyrouette pour l'envie de lecture de ce livre. (je lis dans tes commentaires que quelqu'un juge Courgette "simplet", je m'insurge !!! Il ne l'est pas, bien au contraire, même s'il a la douce naïveté de certains enfants !)
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Feuilletons ensemble quelques extraits...
incipit : Depuis tout petit, je veux tuer le ciel à cause de maman qui dit souvent :
- Le ciel, ma Courgette, c'est grand pour nous rappeler qu'on n'est pas grand chose dessous.
- La vie, ça ressemble en pire à tout ce gris du ciel avec ces saloperies de nuages qui pissent que du malheur.
- Tous les hommes ont la tête dans les nuages. Qu'ils y restent donc, comme ton abruti de père qui est parti faire le tour du monde avec une poule.
page 83 : Et je dis rien d'autre. J'attends. Il faut pas faire mal à Camille avec mes questions. Des fois ça fait mal les questions.
page 89 : L'église, c'est la maison du bon Dieu qui y est jamais.
Ca m'étonne pas, vu qu'il fait toujours mega froid dans sa maison. Le bon Dieu, Il est pas idiot, Il est bien au chaud dans les nuages avec le soleil qui Le chauffe au-dessus et Il se protège des gens qui ont toujours un truc à Lui demander.
page 116 : Et il faut les regarder, ces adultes, jouer aux grandes personnes et faire plus de bêtises que nous, les enfants. C'est vrai qu'on est pas aussi sages que des images qui bougent jamais, mais bon, c'est pas les enfants qui cambriolent les maisons ou font sauter les gens avec des bombes ou tirent avec des carabines, à part moi, mais c'étiat juste un revolver et j'ai pas fait exprès.
page 164 : Des fois, les grandes personnes faudrait les secouer pour faire tomber l'enfant qui dort à l'intérieur.
page 193 : Les gens très âgés c'est pareil que les enfants à part l'âge et les dents qu'ils retirent le soir dans le verre à eau.
Ils font autant de bêtises que nous et ils mangent aussi mal.
pages 224-225 : C'est pas parce qu'on demande rien qu'on sait tout.
[...]
Et les grandes personnes c'est pareil.
C'est plein de points d'interrogation sans réponse parce que tout ça reste enfermé dans la tête sans jamais sortir par la bouche. Après, ça se lit sur les visages toutes ces questions jamasi posées et c'est que du malheur ou de la tristesse.
Les rides, c'est rien qu'une boîte à questions pas posées qui s'est remplie avec le temps qui s'en va.
[...]
Moi, quand je serai vieux, j'aurai toujours dix ans et je me poserai toutes sortes de questions idiotes et j'aurai pas une seule ride.
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Autobiographie d'une Courgette, Gilles Paris, 2002, 255 pages